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Ultra Marathon France : une association, une revue, un blog, un club

dimanche 1 octobre 2017

René Lecacheur, brillant vainqueur de l'Ultratour du Léman

René Lecacheur, membre de l'UMF, vient de remporter pour la troisième fois l'Ultratour du Léman, soit 175 km. Il a eu la gentillesse de transmettre à la rédaction le récit de sa course.
« C’est un immense plaisir de venir narrer ma course (vue de l’intérieur) et de partager le plaisir de gagner cette cinquième édition de l’Ultratour du Léman (175 km). Cette victoire est la troisième en quatre participations (2014, 2015, 2017). Elle ne m’a pas permis de battre le record du tour mais s’ajoute à celle de l’Ultra Boucle de Villeneuve (obtenue en avril dernier) comptant pour le challenge Ultralac de ces deux épreuves cumulées. 
René Lecacheur au ravitaillement
Parti en quatrième position dès les premiers hectomètres à une vitesse de 10,2 km/h, j’ai bien senti que devant ça partait vite et que bon nombre savaient que j’étais le coureur entre autres à surveiller, mais puisque j’étais derrière, ma foi… J’étais un peu impressionné au vu du train mené, j’essayais surtout de rester si possible au contact. Marchant à plusieurs reprises dès le début pour respecter mes consignes de course, les écarts se creusèrent quelque peu, tout en les ayant en ligne de mire. (…)
M’efforçant de ralentir ou marcher pour garder l’allure, je me disais que c’était bon signe de courir avec le ‘’frein à main’’, en essayant de compter l’évolution des secondes qui nous séparaient à chaque passage devant une ombre, un poteau ou un panneau…, et incontestablement le temps fondait comme neige au soleil, jusqu’à ressentir le soulagement de pouvoir les rejoindre (…)
La température s’élevait au gré des heures de course, et les premiers signes de fatigue se mesuraient sur mes adversaires dès lors que le dénivelé s’élevait à son tour. C’est en fait là que tout devint différent. Passé le premier marathon, je pris la tête de la course en imposant toujours la même allure, un train que personne semble-t-il voulait prendre le risque de maintenir sur les heures chaudes à venir, alors seul je pris le risque avec les conséquences qui pourraient survenir. Je l’avais décidé, c’était l’année ou jamais...
L’après-midi, sous une chaleur plus conséquente et une hydratation pas forcément brillante, je sentais que le soleil me pesait à l’approche de Genève. Mon allure était de plus en plus difficile à tenir, visiblement à mon tour la mécanique s’enrayait… je marchais, courais, j’alternais, l’avance fondait, mais cette fois ci je subissais. Evidemment derrière ça revenait. Par chance, j’ai le bonheur de bénéficier du soutien de Ekkehard Ernst (vainqueur UTL4) entre le R3 et le R4. Son accompagnement me redonna le sourire au moment où je n’étais pas forcément au mieux. Il m’encourageait, on se rappelait les bons souvenirs de l’édition précédente. Arrivé au quatrième ravito, il m’encouragea une dernière fois car il était bénévole à cet endroit, me souhaitait bonne chance en croyant en moi. Ce fut difficile de rejoindre le R5 sans lui, mais un fait de course allait lancer ma course (…).
Les kilomètres passèrent à nouveau agréablement, la température y étant forcément pour apaisement avant que la nuit ne tombe aux abords de Lausanne, puis la pluie ne vienne faire barboter mes foulées. Motivé à ne pas me faire remonter, je maintenais l’allure car on m’avait annoncé que le 2e était revenu à 20 min au Ravito 5, et que ce n’était pas Sylvain mais… Ruthann Sheehan, l'Irlandaise ! Le sixième ravitaillement arrivait ainsi…. Visiblement l’allure tenait, mon rêve survivait. Et déjà le R7 approchait… et encore j’espérais ! Les 25 derniers kilomètres faisaient augmenter le bruit de ma respiration, j’en ‘ajoutais’ en allure, espérant pourquoi pas passer sous les 19 h puisque le record du tour que je tentais était malheureusement déjà révolu.
Le bord du lac se dessinait par une blanche lumière de lampadaires, dont l’extrémité illuminée de rouge en sonnait la fin. Une fin que j’attendais, patientais en évitant de décompter ce qu’il restait, en courant tout ce que je pouvais. Ainsi, l’entrée de la commune de Villeneuve arrivait, puis celle de la salle d’où on entendait la cloche de l’arrivée du premier coureur… oui c’était moi, ‘’c’est pour toi qu’elles retentissent’’, me dis-je… Le sourire m’envahissait, la joie me gagnait celle de ne pas avoir cédé, celle de tout simplement d’avoir pour la troisième fois…gagné. »